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Le Liban toujours sans président

Le Parlement libanais a échoué une nouvelle fois à élire un président mercredi, aucun des deux candidats en lice, un ancien ministre soutenu par le puissant Hezbollah pro-iranien et son adversaire, un économiste, n'obtenant le nombre suffisant de voix.

C'est la douzième fois que le Parlement, où ni le camp du Hezbollah ni celui de ses adversaires ne dispose d'une claire majorité, se réunit sans succès dans le pays en plein effondrement économique et privé de président depuis plus de sept mois.

Au premier tour, Jihad Azour, un responsable du Fonds monétaire international (FMI), a obtenu 59 voix, contre 51 voix pour son concurrent, l'ancien ministre Sleimane Frangié.

Tout candidat a besoin de 86 voix pour être élu au premier tour.

Les députés du Hezbollah et de ses alliés, soutenant M. Frangié, sont ensuite sortis, pour empêcher la tenue du quorum lors d'un deuxième tour au cours duquel 65 voix, soit la majorité absolue, sont suffisantes pour élire un président.

Les parlementaires du Hezbollah et de ses alliés avaient déjà eu recours à la même tactique lors des sessions précédentes. Le parti domine la vie politique et dispose d'un puissant bras armé.

"Le président ne peut être choisi que par consensus", a affirmé avant la séance un député du Hezbollah, Hassan Fadlallah. "Nous n'imposons rien aux autres et nous ne voulons pas qu'ils nous imposent" un candidat, a-t-il ajouté.

Confrontation?
M. Azour, qui a suspendu sa mission au FMI pour mener sa campagne, a affirmé lundi vouloir "contribuer à une solution et ne pas être un facteur de crise".

Ancien ministre des Finances (2005-2008), il avait assuré que sa candidature ne constituait "un défi pour personne", en réponse au Hezbollah qui l'a qualifié de candidat "de confrontation" et de "défi".

Un premier candidat soutenu par les adversaires du Hezbollah, le député Michel Moawad, avait déjà été qualifié de tel par la formation chiite, avant de se retirer la semaine dernière au profit de M. Azour.

M. Frangié, dont le grand-père a été président du Liban, avait de son côté promis dimanche d'être "le président de tous les Libanais", malgré son alliance avec le Hezbollah et l'amitié qui le lie au président syrien Bachar al-Assad.

En vertu du système confessionnel de partage du pouvoir, la présidence du Liban est réservée à un chrétien maronite.

Le Liban est dirigé par un gouvernement démissionnaire aux pouvoirs réduits depuis la fin du mandat de Michel Aoun le 31 octobre 2022.

Compromis?
Face à ce blocage et "en l'absence d'une pression internationale importante", le plus probable est que le pays entre dans une "période de vacance prolongée" qui pourrait durer plusieurs mois, estime l'analyste Karim Bitar.
Le quotidien Al-Akhar, proche du Hezbollah, titrait mercredi sur sa première page: "Le vide".

Lors de la dernière élection présidentielle, le camp du Hezbollah avait paralysé l'action du Parlement pendant plus de deux ans pour imposer l'élection de Michel Aoun, son allié, en 2016.

Par le passé, les députés attendaient souvent des directives de leurs différents "parrains" étrangers avant de voter.

Seul pays à s'impliquer réellement dans ce dossier, la France, ancienne puissance mandataire, doit dépêcher à Beyrouth l'ancien ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, nommé "envoyé personnel pour le Liban" du président Emmanuel Macron.

Paris a appelé mardi les responsables libanais à "prendre au sérieux" la session parlementaire et "en faire l'occasion d'une sortie de crise".

Washington a également exhorté le parlement libanais "à finir le travail" et élire un nouveau président avec "un sentiment d'urgence".

Pour Karim Bitar, l'impasse pourrait mener à "des négociations qui aboutirent à une solution autour d'un troisième homme, et une élection décidée d'avance, comme la plupart des autres scrutins dans l'histoire du Liban".
(AFP)
 

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